Clément, assassiné une deuxième fois

Nous publions ci-dessous le texte qui nous a été adressé par un camarade antifasciste en réaction aux mensonges diffusés par une partie de la presse au sujet de la mort de Clément.

 

 

Il n’aura pas fallu trois semaines pour que Clément Méric, militant engagé contre l’extrême droite, soit assassiné une deuxième fois. Depuis ce matin, tous les médias reprennent en coeur une information dont l’exclusivité revient à RTL. Une exclusivité dont on pourrait se passer volontiers. C’est le destin cruel mais, semble-t-il, tout naturel pour une presse qui cherche à savoir, pour sans doute ensuite départager, qui a commencé le premier à frappé sur l’autre. Voilà, Clément Méric est assassiné une deuxième fois, accusé d’un comportement « agressif » – selon Le Figaro – envers de simples skinheads, à qui l’on n’enlève pas le fait d’être d’extrême droite, mais qui en tout état de cause, faisaient bien gentiment leurs courses – comme tout un chacun finalement.

C’est ce « jeune gauchiste » qui a porté le premier coup à Esteban Morillo, de plus frappant « par derrière ». La vidéo ne dure que quelques secondes. Elle ne permet pas de savoir si l’auteur des coups mortels était armé d’un poing américain ou non. Mais selon RTL qui a eu l’exclusivité de la visionnée, elle est une preuve irréfutable pour savoir ce qu’il s’est vraiment passé cette fin d’après midi du 5 juin. Non, il n’y a pas de paradoxe, enfin en tout cas pas au yeux des journalistes, sans doute peu scrupuleux, qui n’ont pas hésité à en tirer une conclusion qui risque de peser sur l’opinion publique. Non, malgré la brièveté des images et le manque de visibilité, toute l’affaire s’éclaircit d’un coup. Seulement la vérité reste seule immuable, ce 5 juin, l’extrême droite a versé le sang, a été jusqu’à tuer un militant qui avait pour engagement de lutter contre une idéologie de violence et de haine.

Les faits sont là, seulement les choses semblent avoir changé aujourd’hui. Après plusieurs années de sarkozysme, ce n’est pas, comme aiment à le penser certaines personnes, une parole de droite qui se serait décomplexée, mais bien une justification de l’injustifiable. En jouant sur la peur, les idées sécuritaires et xénophobes, la droite a laissé s’installer en France une opinion réactionnaire. Il y a deux jours une simple information relayée en toute pudeur par la presse nous apprenait que le « Front Républicain » n’existait plus, enterré dans la ville de Villeneuve-sur-Lot. Celui-ci a disparu dans une quasi indifférence générale. Une indifférence que Clément Méric n’aurait peut être pas partagé, non pas parce qu’il affectionnait ou se sentait proche des partis dits républicains mais parce que, sans doute, comme quelques uns, il ne pouvait concevoir le Front National ou tout autre parti d’extrême droite comme des partis classiques ayant leur créneau d’expression libre pour distiller des idées mortifères.

La publication par RTL et par leurs confrères d’articles décrivant l’affaire comme une simple rixe qui aurait mal tourné est l’exemple parfait de cette digue brisée par les assauts répétés d’une droite coupable et d’une certaine gauche, qui, parce qu’inactive et préférant expulser des Rroms plutôt que de lutter contre la misère sociale, est rendu partiellement complice. Le problème n’est plus de savoir si une personne comme Esteban a le droit de distiller sa haine et son aversion pour tout ce qui ne pense et n’est pas comme lui, mais de savoir si c’est bien lui qui a agressé Clément Méric et ses camarades en premier. Pourtant les journalistes semblent avoir oublié une chose: les idéologies totalitaires qu’Esteban glorifie ont tué, et les coups qu’elles continuent à porter sont faits pour tuer. Les idées que Clément, lui, défendait n’ont jamais eu cette finalité.

Sans doute Esteban n’avait pas prévu de tuer ce jour là, mais parce qu’idolâtre des idées fascistes, la mort était dans son camp.

Alors oui ! Vous avez raison messieurs les journalistes, Clément n’a pas été assassiné par Esteban, Clément a été assassiné par le fascisme. Oui vous avez aussi raison, la responsabilité de la mort n’est qu’en partie imputable à Esteban, c’est aussi celle de politiciens charognards n’hésitant pas à reprendre les idées les plus rétrogrades pour obtenir quelques voix de plus.

Mais non, messieurs les journalistes, Clément Méric n’a pas porté le premier coup contre les néo-nazis. Non Clément Méric n’est pas un agresseur au même titre que ces individus, qui, se sentant légitimés par des propos nauséeux, peuvent impunément agresser dans la rue des immigrés, des femmes voilées, des homosexuels ou des militants progressistes. Clément Méric défendait des idéaux qui vont à l’encontre de la haine, ceux portés par les militants antifascistes et les militants progressistes, des idées anti-autoritaires qu’ils continueront à porter bon gré mal gré. Cette lutte anti-fasciste nous n’avons pas attendu que vous la validiez ou non, à l’avenir il en sera de même.

Un camarade antifasciste.

7 commentaires

  1. Ils feront tous ces salopards de media pour salir « ces partisans de l’extrême-gauche caviar » , comme ils se plaisent à le dire pour tenter n’anéantir leur complicité constante avec les ultra-libéraux, les nèo-capitalistes bourgeois, les serviteurs batards de l’UMP , du front national, les soldats serviles d’un ordre nouveau. Déjà, ils mettaient en exergue en s’en étonnant que Clément aille dans une « vente privée » alors que toutes celles et ceux qui utilisent internet connaissent ces astuces pour payer moins cher ce que d’autres vont acheter dans des magasins appartenant aux émirats ou à LVMH. RTL n’a jamais caché ses préférences! cet agent patenté des capitalistes qui vont nicher leurs fric dans les banques d’un pays dont le dirigeant principal était un manipulateur-freineur né de la clarté financière et boursière en Europe. Continuons à lutter contre cette vermine qui pourrit la saine évolution de la société.

  2. contrairement à ce qu’écrit le camarade qui a transmis ce texte ce n’est pas la seule droite qui est en cause, dans les cochonneries journalistiques que l’on a pu lire (je laisse ici de côté le cas extrême des affabulations de RTL). Pour l’essentiel les médias, même lorsqu’ils n’ont pas publié des articles recopiés sous la dictée de l’entourage du nazillon, ou déroulé le tapis rouge à des nervis venus jouer le rôle de leur vie et promus au rang de commentateur attitré de l’actualité, ont renvoyé « les extrêmes » dos à dos, et distillé le thème des extrêmes qui… se touchent ».
    Or cette idéologie de rejet des « extrêmes », non seulement est fort antérieure à Sarkozy (dont c’est toujours lui faire un beau cadeau que de croire que le monde a commencé de mal tourner avec lui) mais elle a tout à voir avec celle qui depuis les années 1970 est distillée à longueur d’année à… Science-Po -hé oui-, où la « grande peur » de mai 1968 reste le traumatisme fondateur, même si des outres-à-subventions y enseignent à leurs malheureux étudiants que tout cela ne fut qu’un feu de paille…
    Et c’est jusqu’au terme « diaboliser », que la grosse truie aux airs de brebis repentie a inscrit à son répertoire, qui est de provenance… Science-Po. Ceux des chercheurs qui travaillent sur l’Italie fasciste (domaine dans lequel Sciences-Po détient un quasi-monopole) en savent quelque chose : quiconque prétend rappeler ce que fascisme veut dire, en terme de négation des libertés, se voit aussitôt traité de marxiste, bien sûr, mais il se voit également accusé de « diaboliser »-sic le fascisme, à moins que ce ne soit de le démonologiser-resic.
    Je ne souhaite pas plus insister sur ce dernier point car la lutte au présent contre le fascisme et ses avatars, à laquelle Clément vient de payer le prix le plus lourd, est sûrement plus importante que tout ce qui concerne le fascisme au passé (en tant qu’objet d’étude). Mais je ne vois pas la nécessité de nuancer l’accusation : alors que le grand public, aussi sous-informé soit-il, sait encore à peu près ce que « fascisme » veut dire, en tant que négation des libertés, c’est du côté des milieux de type Sciences-Po, et de ce côté-là, seulement, que sont venues toutes les tentatives de brouiller les cartes.
    Bien dépensé, l’argent du con-tribuable…

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s